Introduction :
Le Conseil et le Parlement sont parvenus à un accord provisoire sur certaines parties du paquet anti-blanchiment visant à protéger les citoyens et le système financier de l’UE contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Cet accord, qui s’inscrit dans le cadre du nouveau système européen de lutte contre le blanchiment d’argent, promet non seulement de lutter contre la criminalité financière, mais met également l’accent sur la protection des données. Nous examinerons les éléments clés de cet accord dans ce blog.
Qu’est-ce qui a précédé ?
Le 20 juillet 2021, la Commission a présenté son paquet de propositions législatives visant à renforcer les règles de l’UE en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le paquet comprend un règlement visant à établir une nouvelle autorité européenne de lutte contre le blanchiment d’argent (AMLA) dotée de pouvoirs de sanction, ainsi que des règles sur les transferts d’actifs cryptographiques et des exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent pour le secteur privé, en plus d’une directive sur les mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent.
Améliorer l’organisation et la coopération
Ces nouvelles mesures permettront de mieux organiser et relier les systèmes nationaux de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ces améliorations feront en sorte que les fraudeurs, la criminalité organisée et les terroristes n’aient plus la possibilité de légitimer leurs revenus par le biais du système financier.
Harmonisation exhaustive des règles
L’accord préliminaire sur le règlement anti-blanchiment harmonisera pour la première fois les règles de manière exhaustive dans l’ensemble de l’UE. Cela permet de combler les lacunes potentielles utilisées par les criminels pour blanchir des produits illicites ou financer des activités terroristes par l’intermédiaire du système financier. Un aspect important de cette harmonisation est la protection des données sensibles impliquées dans les transactions financières.
Extension des entités obligatoires
L’accord étend la liste des entités obligatoires à de nouveaux secteurs, dont celui de la crypto-monnaie. Les fournisseurs de services de crypto-actifs (CASP) devront désormais faire preuve d’une grande diligence à l’égard de leurs clients, notamment en vérifiant les faits et les informations, et en signalant toute activité suspecte. Cette expansion inclut les marchands de produits de luxe et le secteur du football, où la protection des données joue un rôle crucial.
Amélioration de la diligence raisonnable et des paiements en espèces
Des mesures spécifiques de diligence raisonnable renforcée sont introduites, en particulier pour les relations de correspondance transfrontalières des prestataires de services de crypto-actifs. Un plafond européen sur les paiements en espèces sera également introduit, ce qui rendra plus difficile le blanchiment d’argent sale pour les criminels. En outre, l’accord exige que les entités obligées vérifient l’identité des personnes effectuant des transactions occasionnelles en espèces d’un montant compris entre 3 000 et 10 000 euros.
Harmonisation des règles relatives à la propriété ultime
L’accord rend les règles relatives à la propriété finale plus harmonisées et plus transparentes. L’identification des propriétaires finaux est affinée sur la base de la propriété et du contrôle, avec un seuil clair de 25 %. Cela permet de protéger les données en empêchant les criminels de se cacher derrière plusieurs couches de propriété.
Protection des données dans les registres de propriété effective
Le paquet adopté comprend également des mesures visant à garantir la protection des données contenues dans les registres des bénéficiaires effectifs. Les informations fournies au registre central doivent être vérifiées. Les registres sont habilités à effectuer des inspections des entités soumises à des sanctions financières, et leur accès est étendu aux personnes ayant un intérêt légitime, y compris la presse et la société civile.
Accès amélioré pour les cellules de renseignement financier (CRF)
L’accord renforce le rôle des CRF en leur donnant un accès direct aux informations financières, administratives et répressives. Cet accès amélioré permettra aux CRF d’agir plus rapidement et plus efficacement dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Elle garantit également le respect des droits fondamentaux lors de la prise de décision.
Supervision efficace et évaluation des risques
Chaque État membre veillera à ce que toutes les entités obligatoires sur son territoire soient soumises à un contrôle adéquat et efficace. Cette supervision suivra une approche basée sur le risque. Les évaluations des risques aux niveaux européen et national restent un outil important, la Commission étant tenue de procéder à des évaluations des risques à l’échelle de l’UE et de formuler des recommandations à l’intention des États membres.
Prochaines étapes
Les textes vont maintenant être finalisés et soumis à l’approbation des représentants des États membres au sein du Comité des représentants permanents et du Parlement européen. S’ils sont approuvés, le Conseil et le Parlement doivent adopter formellement les textes avant qu’ils ne soient publiés au Journal officiel de l’UE et qu’ils n’entrent en vigueur.
Conclusion
L’accord provisoire entre le Conseil et le Parlement sur des règles plus strictes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent marque une étape cruciale dans la lutte contre la criminalité financière au sein de l’UE. Outre le renforcement du système de lutte contre le blanchiment d’argent et la protection des citoyens de l’UE, l’accord met l’accent sur la protection des données.
L’harmonisation des règles au niveau de l’UE, en mettant l’accent sur le secteur des crypto-monnaies, assure l’uniformité et accroît la capacité de détection des activités criminelles. L’extension des entités obligatoires à divers secteurs met l’accent sur une approche globale visant à minimiser les risques.
L’accent mis sur le renforcement du devoir de diligence, les limites imposées à l’échelle de l’UE aux paiements en espèces et le renforcement de la protection des données dans les registres des bénéficiaires effectifs contribuent à rendre le système plus solide. L’ouverture des registres aux parties prenantes légitimes favorise la transparence.
Le renforcement des cellules de renseignement financier souligne l’importance des mesures proactives. L’accord promet un système financier plus efficace, plus cohérent et plus sûr, avec un engagement en faveur de la protection des données et de la transparence afin de protéger les citoyens de l’UE et de décourager la criminalité.